Sommes-nous blasés de voyager ? | On Part Quand ?

Qu’est-ce qu’un voyageur blasé ?

Blasé : « Personne qui pense avoir épuisé l’expérience humaine et qui est dégoûtée de tout. » (Larousse).

Voilà ce que nous dit le dictionnaire quant à la définition du mot « blasé » comme dans « être blasé ». Nous soulignons deux groupes nominaux importants :

  • « épuisé de l’expérience humaine »
  • « dégoûtée de tout »

Moi, quand j’entends ça, j’imagine un voyageur fatigué, qui en a ras le bol de vivre ce qu’il vit. J’imagine un voyageur qui avance sans grande satisfaction, qui n’a plus le goût des belles choses et n’apprécie plus les expériences que la vie lui apporte à leur juste valeur.

Nous voyageons depuis 16 mois. À chaque fois, nous récoltons la même réaction « 16 mois ?! Mais c’est dingue/ génial/fou ! ». Ouais, c’est vrai que 16 mois c’est génial, mais de notre point de vue, les choses sont bien moins extraordinaires. Alors est-ce qu’après autant de temps de voyage, on ne devient pas un peu blasé de voyager ?

Etats d’esprit de voyageurs avertis

Quand on compare notre état d’esprit à celui que l’on avait quand nous sommes partis, nous avons vraiment changé. Alors que pendant des mois on était toujours prêts à prendre un bus, peu importe le nombre d’heures, à nous déplacer pour aller dans des contrées difficiles d’accès parce qu’on avait vaguement entendu un truc bien dessus, à marcher avec nos gros sacs, à dormir dans des trucs sommaires et un peu pourris, aujourd’hui, nous n’avons clairement plus toute cette motivation.

ciudad perdida

Depuis notre arrivée en Indonésie, nous avons visité Sumatra avec engouement, puis avons pris 15 jours de « repos » en ville, en Malaisie avant de rejoindre Sulawesi que, finalement, nous avons laissé tomber après 10 jours à cause des transports. L’île étant bizarrement foutue et l’Indonésie étant ce qu’elle est, les transports sur Sulawesi sont à chaque fois, une véritable aventure. Les trajets sont longs et interminables et le confort inexistant. Ajoutons à cela une météo trop capricieuse et vous vous retrouvez avec deux voyageurs qui n’ont vraiment pas la motivation d’aller sur des îles (aussi paradisiaques soient-elles) à 3 jours de transport, sans avoir la certitude absolue que le soleil rythmera leurs journées sur place.

Bref, nous avons fait demi-tour tout simplement parce que nous n’avons plus l’énergie pour tout ça. À la place, nous avons pris un avion pour Lombok, où l’on s‘est installés (depuis 3 semaines) dans un hôtel tout confort et où l’on mène une vie beaucoup plus sédentaire entre surf, yoga, repas et détente.

Instants sédentaires au sein d’une vie nomade

Parce que finalement, c’est de ça dont il s’agit : l’envie d’un sédentarisation temporaire. On ne parle pas de revenir en France, se réinstaller dans une maison, trouver un CDI et mener notre vie comme ça en gardant le souvenir de ce voyage comme une jolie parenthèse nomade. Non, ce n’est pas du tout de ce type là de sédentarisation dont je vous parle.

On a toujours tendance à opposer le mode de vie sédentaire au mode de vie nomade. Leurs définition même, en font deux termes complètement antagonistes. Mais si, dans la vraie vie, on avait besoin des deux ? Pourquoi ne pourrions-nous pas envisager un moment de vie sédentaire au sein de notre nomadisme ? Redevenir sédentaire, quelques temps, pour remettre du sens dans notre voyage et dans notre mode de vie nomade. Faire une pause, prendre le temps de vivre, de tisser des relations et de retrouver une routine. Voilà de quoi il s’agit.

Quand le sac à dos ne suffit plus

J’ai l’impression d’avoir fait le tour de mon voyage sac au dos. Je crois que voyager pour voyager n’est plus suffisant. Nous avons envie de quelque chose de plus que simplement traîner notre carcasse de place en place. Envie de plus que de relations superficielles. Envie de plus qu’une série de conversations répétées en boucle. L’envie, de plus en plus, de s’installer quelque part pendant quelques temps, de se faire de vrais amis, et savoir de nouveau pourquoi on voyage.

wilcacocha huaraz

Quand on imagine un voyageur blasé, on pense au voyageur qui a tout vu, tout vécu et qui râle. On pense à ces voyageurs que l’on croise parfois et qui n’ont plus envie de rien faire, qui ne s’émerveillent plus et qui restent enfermés dans leur chambre d’hôtel sur leur ordinateur.

Moi je ne vois pas un voyageur blasé, je ne vois qu’un voyageur fatigué. Un voyageur qui a du mal à se recentrer et à se rappeler pourquoi il fait tout ça. Parfois, à la maison, on en croise de ces personnes qui n’ont le goût de rien. Vous savez, ces personnes qui ne sont plus moteur ni motivées et qui commencent à se remettre en question.

Nous, comme nous sommes voyageurs, c’est un peu comme si nous n’avions pas le droit de ressentir cette lassitude. De quoi on se plaint ? On a la vie rêvée ! Et pourtant, le voyage nous comble certes, mais plus complètement. Comme parfois, le travail que l’on aimait tant ne nous satisfait plus autant. Comme parfois, notre relation de plusieurs années finit par ne plus nous faire vibrer. On est heureux, mais il manque quelque chose.

Nous ne sommes pas blasés de voyager, nous avons simplement besoin de changer de façon de voyager. Ce n’est pas juste une historie de fatigue de voyage, c’est une histoire de sens, de savoir où l’on va et pourquoi on y va. En Argentine, j’ai eu envie de rentrer en France, aujourd’hui je ne veux pas spécialement rentrer, je veux surtout retrouver une vie sociale et m’investir dans des projets intéressants.

Redonner un sens au voyage

Quand on est parti, en mars 2016, il y a presque 16 mois, le sens de notre voyage c’était avant tout de trouver notre liberté, de vivre la vie qu’on avait décidé d’avoir. Le but c’était de découvrir, de ressentir, de s’émerveiller et de se connecter. Le voyage se suffisait à lui-même tant il était riche en émotions, en rencontres et en expériences nouvelles. Puis avec le temps, ces mêmes expériences paraissent redondantes, les conversations sont toujours les mêmes et notre regard perd en intensité. On finit par comparer les paysages, les peuples, les cultures.

chute iguazu

Certains diront que nous sommes blasés. Nous disons que nous avons besoin d’autre chose. Désormais, je ne vois plus le voyage comme une fin en soi, mais comme un réel mode de vie. Une nouvelle façon de vivre qui devrait s’accorder avec d’autres projets qui m’inspirent. Changer notre façon de voyager me parait donc absolument nécessaire pour retrouver l’engouement du début.

Vers un nouveau mode de voyage ?

D’ici 20 jours, la famille d’Arnaud nous rejoint pour 5 semaines de voyage en Indonésie. Cela va redonner une impulsion à notre motivation. Voyager avec nos proches qui eux, auront l’excitation d’un nouveau voyage, ne pourra que rafraîchir notre regard et raviver notre curiosité. Ensuite, nous changerons de mode de voyage. En septembre, nous quittons l’Indonésie pour rejoindre la Nouvelle Zélande ! Et nous sommes hyper-excités à l’idée de cette perspective ! Là-bas, nous voyagerons en van pendant quelques mois et nous prévoyons aussi de refaire un volontariat.

La suite nous ne la connaissons pas encore tout-à-fait. Des idées et des projets se dessinent mais il est encore trop tôt pour en parler. Ce qui est certain en revanche, c’est que nous prendrons le temps de nous sédentariser temporairement. Pour renouer des relations, pour faire respirer notre couple, pour travailler sur de nouveaux projets tout aussi enrichissants.

Nous ne sommes pas blasés du voyage, nous aimons profondément voyager et toutes les options de vie qui s’offrent à nous, l’intègre parfaitement. Le voyage fait et fera partie intégrante de nos vies. Nous avons seulement besoin d’avancer. Comme dans n’importe quel mode de vie au final. Que l’on soit sédentaire ou nomade, qui aime stagner au même endroit ? Ce n’est pas parce que l’on bouge de place en place que l’on a le sentiment d’avancer. Ce qui compte, je crois, c’est de trouver un sens à nos déplacements, c’est de faire en sorte que ceux-ci s’intègrent à une philosophie de vie nomade plus large que le simple fait de voyager en backpack.

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