Gérer ses émotions en voyage ? Au secours, je suis hypersensible ! | On Part Quand ?

Avant propos : Cette article, très personnel, n’engage que moi et ma personnalité. Chacun vit sa sensibilité de façon différente et cet article n’est pas à prendre comme une vérité générale applicable à toute personne. De même, l’hypersensibilité peut se faire diagnostiquer par des spécialistes, ce n’est pas mon cas. J’ai tiré ces conclusions seule et je partage avec vous mon état d’esprit par rapport à l’émotivité qui me caractérise. 


Il y a deux ou trois mois j’écrivais un article intitulé « j’ai envie de pleurer tellement je veux partir« , aujourd’hui, j’aurais pu intituler cet article « Quand pleurnicheuse rime avec voyageuse »

La vie est un long fleuve tranquille.

J’ai toujours été sensible. Très sensible. Trop sensible.

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu du mal à gérer mes émotions. Petite, j’étais très timide, le simple fait de dire bonjour me provoquait des angoisses et faisait jaillir mes larmes. J’avais peur de l’orage. J’étais tête en l’air. Et mes parents n’avaient qu’à prononcer le mot « garçon » pour déclencher en moi un ras-de-marée, je dirais même un tsunami émotionnel. Aujourd’hui, à quelques mois de mes 25 ans, je ne suis plus timide, je n’ai plus peur du mot « garçon » mais la catastrophe émotionnelle n’est jamais vraiment loin. Elle reste là, tapie au fond de moi, à attendre une angoisse, une prise de tête, une simple nouvelle, et parfois juste une conversation. Oui parce que malgré mes airs de grande fille, les larmes de la petite Laure ne sont jamais très loin.

En fait, pour tout vous dire, il n’y a pas un jour de l’année où je ne pleure pas.

Chaque jour. Je. Pleure. De joie, de peine, de compassion, d’énervement, de stress, de fatigue… on peut dire que j’ai la larme facile.

De la tragédie d’être hypersensible

Je me suis toujours trouvée différente. À ma place mais différente. Comme si je n’avais

pas la même façon de voir et la même façon de vivre que mes proches. Chacun à sa façon d’appréhender ses propres émotions, mais moi j’ai toujours eu l’impression de devoir aussi appréhender celles des autres. Comme une éponge (ou un radar sur patte) j’absorbe toutes les émotions auxquelles je suis confrontée. C’est comme si j’avais envie de prendre les émotions du monde pour le soulager.

Tu n’as pas le moral aujourd’hui ? Regarde moi dans les yeux, je vais pleurer pour toi et tu iras mieux. 

Depuis quelques années, la nouvelle personnalité  à la mode (après les bipolaires et les pervers narcissiques) ce sont les hypersensibles. Bien que je n’ai jamais trop été « à la mode » il est vrai que je me suis reconnue dans la définition de ce terme mis en lumière par la psychologue américaine Elaine Aron.

L'Hypersensibilité c'est quoi ?

L’hypersensibilité n’est ni une maladie, ni un trouble psychologique ; c’est un tempérament, un trait de caractère. L’hypersensibilité est innée et probablement héréditaire et se situe vraisemblablement dans une région spécifique du cerveau : les amygdales cérébrales. 15% à 20% de la population mondiale serait hypersensible (10% chez les européens).

Enfant, les hypersensibles sont nerveux et peureux, timides et introvertis (repliés sur eux-mêmes). Ils ont besoin de parents qui s’occupent bien d’eux pour les rassurer.
Adulte, les hypersensibles souffrent davantage d’anxiété et de dépression. Ils ont plus tendance à être intellectuels et à s’intéresser aux arts, à la philosophie, aux sujets profonds. Au travail, ils sont très consciencieux, réfléchissent beaucoup, et sont des personnes très posées, mais en situation de surcharge de stress, ils deviennent pratiquement infonctionnels. Ils ont besoin de se retrouver dans le calme et la solitude.

Source

J’ai eu ensuite l’occasion de lire d’autres billets sur le sujet et bien que certaines choses abordées m’aient fait tilt, je n’ai pas l’impression de vivre mon hypersensibilité de la même façon. Et pour cause, chaque hypersensibilité est différente.

Pour ma part, être hypersensible se traduit principalement par une sur-émotivité. Je ressens chaque émotion à 3000% et ne peux m’empêcher de me mettre à la place des gens. D’un point de vue sensoriel, je suis très sensible aux odeurs et aux bruits : vous ne me verrez jamais dans la même pièce qu’une bouteille de champagne (ou de vin ) qu’on s’apprête à dé-bouchonner (ou alors, j’aurais les mains collées à mes tympans), à mon anniversaire j’ai interdit les ballons de baudruche, et je ne vous parle même pas des feux d’artifices et de l’orage ! Vous l’aurez compris, les bruits détonants sont pour moi une source profonde d’angoisses. Ceci dit, un scooter qui passe à côté de moi, le moteur d’un poids lourd qui reste allumé en permanence, les sirènes des pompiers, les cris intempestifs me déstabilisent aussi. Ajoutons à cela mon humeur quand j’ai faim, le fait que le désordre m’empêche de me concentrer (la faim aussi d’ailleurs), que je sursaute très (trop) facilement, et qu’un surplus d’agitation autour de moi à tendance à m’agacer etc etc.

Sans rentrer dans le cliché de l’écorchée vive, l’intensité des émotions embrouille parfois (souvent) mon esprit. Je n’y vois plus clair, au milieu de cette tempête affective mon esprit se déconcentre. Il suffit d’un bruit, d’un mot (ou d’un programme télé) pour qu’au fond de moi, tout vole en éclat. Et vlan, les larmes. Accablée je pleure mais je ne comprends pas pourquoi.

L'Hyper-émotivité c'est quoi ?

L’hyperémotivité est une forme de sensibilité accrue aux émotions et à la façon de gérer ces émotions ce qui amène généralement les personnes à avoir des réactions disproportionnées. Une personne hyperémotive ressent avec beaucoup d’intensité chaque changement de situation. La moindre excitation provoque chez elle des réactions émotives (joie, colère, tristesse, peur) et corporelles (coliques, rougeur, transpiration abondante…). Ces réactions sont hors normes en proportion avec l’événement. Cet état paraît bel et bien lié au tempérament d’un hypersensible qui a une origine biologique. Mais l’hyperémotivité n’est pas exclusivement d’origine génétique. Il peut apparaître, lorsque le terrain le permet, suite à un choc affectif important.

Génétiquement, on trouve deux formes d’hyperémotivité :

  • La forme intériorisée : ce sont les hyperémotifs introvertis qui intériorisent toutes leurs émotions. On peut croire que ce sont des gens fragiles ou très durs car ils n’expriment rien. Dans certains cas, ces personnes peuvent passer par des somatisations : mal au ventre, malaise vagal, syncope… Les émotions trop fortes sont aussitôt éteintes, « avalées ». Le contact est refusé car trop perturbant. Le sujet prend sur lui-même à s’en rendre malade. Il réagit parfois violemment, sous la pression d’un trop-plein.
  • La forme extériorisée : ce sont les hyperémotifs dont les émotions sortent dans tous les sens : crise de colère et violente regrettées 3 secondes après, la personne n’arrive pas à se contrôler. Pour d’autres hyperémotifs dits extravertis, les émotions s’emballent comme des chevaux qu’on ne peut retenir : le corps s’agite, le débit de parole est excité et rapide, le contact est recherché mais il crée un trouble dérangeant pour soi et pour les autres. L’excitation est souvent suivie de retrait : le sujet peut alors connaître la phase basse d’une humeur cyclothymique.

Être hypersensible = avoir des super-pouvoirs

En revanche, cette hyper-émotivité a aussi des côtés positifs. Bien que mes crises de larmes puissent être handicapantes au quotidien (surtout quand ça m’arrivait devant mes profs, qu’on se le dise), j’ai aussi remarqué que j’avais de très fortes intuitions et que je cernais bien les personnes et les situations. J’ai appris à m’écouter et à être à l’écoute des autres. Tant et si bien que souvent, sans qu’on me le dise j’arrive à savoir l’humeur des personnes qui m’entourent. D’un coup d’œil je sais comment me comporter à leurs côtés. Je crois que c’est aussi grâce à ma personnalité à fleur de peau que j’en suis là où j’en suis aujourd’hui. En suivant mon instinct d’hypersensible, je pense toujours avoir fait les bons choix, en m’écoutant j’ai toujours réussi à atteindre les objectifs que je m’étais fixés et ce voyage en est la preuve.

Et le voyage dans tout ça ?

Aujourd’hui si j’écris ces lignes, c’est parce que je me pose la question de la façon dont je vais réussir à appréhender mes émotions durant ce voyage. Je ne suis jamais partie aussi longtemps, dans des conditions qui, a priori, chambouleront tous mes acquis d’aujourd’hui. Hors de ma zone de confort, au milieu de cultures que je ne connais pas encore, le stress, les angoisses et la fatigue joueront un rôle majeur sur mes humeurs et la façon dont je les gère. Je sais que je vais beaucoup pleurer, je sais aussi que je vais vivre les choses très intensément mais mine de rien, madame angoisse pointe le bout de son nez : ne va-t-on pas me trouver bizarre à pleurer pour un oui ou pour un non ? Arnaud n’en aura-t-il pas marre de mes sautes d’humeurs ? Paradoxalement, est-ce que ce ras-de-marrée d’émotions ne va pas m’empêcher de vivre mon voyage sereinement ? En tout cas, ce dont je suis sûre, c’est que ce voyage sera riche en émotions de toute façon. Certains pourraient penser que je m’en fait un peu pour rien, que tout se passera bien, avec ou sans pleurs. Mais mine de rien, je crois qu’il est important de prendre conscience de la force de ses émotions.

Avec les années, j’ai réussi à mieux me comprendre. Sans forcément savoir comment complètement gérer, j’arrive à accepter cette sensibilité extrême. Faire du théâtre m’a beaucoup aidé, d’ailleurs jusqu’à l’année dernière, cette activité m’a aidé à mieux me canaliser. Un peu comme une soupape de décompression, le jeu me permet de faire le vide, de faire le point et d’accepter. Certains préféreront le yoga, d’autres les sports de combat ou la musique. Peu importe la façon dont on y arrive, je crois que le plus important est finalement d’arriver à accepter et d’essayer de gérer son hypersensibilité tant bien que mal pour ne pas se laisser dépasser par tant d’émotions.

Et vous, vous en pensez-quoi ? Vous reconnaissez-vous dans cet article ? Comment arrivez-vous à gérer vos émotions au quotidien ? Et pour les plus voyageurs, comment on fait pour bien gérer ses émotions en voyage ? 

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