Faire du volontariat en Colombie : La montagne, les orchidées et la bonne bouffe (Partie 1) | On Part Quand ?

Nous nous apprêtons à partir de Ukuku, après 17 jours passés en tant que volontaire chez Annie et Truman, je ne sais pas par où commencer tellement ces deux semaines et demie ont été riches ; Riches en rencontres, riches en découvertes, riches d’aventures. Malgré le brouillard dans mon esprit, je vais tâcher de reprendre nos aventures une par une depuis que nous sommes arrivés dans ce petit paradis ignoré des touristes.

Partie 1 : Faire du volontariat en Colombie : entre travail et échange culturel

Arriver à cheval et découvrir la vie rurale

Nous partons donc de Salento après y avoir passé 5 jours. A défaut de rejoindre le village de Juntas à pieds ou à cheval, nous prendrons le bus, comme tout le monde. Enfin plutôt trois bus. Salento Armenia puis Armenia ibagué puis Ibagué Juntas. A mesure que nous avançons, nous découvrons des villes et des villages qui ne donnent pas très envie. Ici, ça se voit qu’il n’y a vraiment pas de touristes. Quand nous arrivons à Ibagué, nous sommes un peu perdus. La ville nous parait grande et bordélique. On nous annonce qu’il faut prendre le bus au coin d’une rue situé à 10 minutes du terminal de bus où nous nous trouvons. Nos gros sacs sur le dos, nous comptons les rues jusqu’à l’angle de la 13ème rue. Là, un vieux bus orange tout petit attend les clients. On demande si c’est bien le bus qui se rend à Juntas et on grimpe dedans.

Quelques minutes plus tard le bus démarre et nous voici sur notre dernière portion de route avant de retrouver Annie et Truman. La route entre Ibagué et juntas est vraiment pourrie. Nous sommes trimballés dans tous les sens, trous – trous- trous- virage-trous-virage-bosse. C’est à n’en plus finir pendant près d’une demie-heure. On passe devant des habitations faites de bois et de tôles, à travers les fenêtres et les portes ouvertes ou se rend compte que les populations se contentent de peu.  Le bus bondé se vide petit à petit et nous terminons seuls dans le bus lorsqu’il fait demi-tour dans le pueblo de Juntas. Nous remercions le chauffeur et descendons du bus.

Nous devons maintenant téléphoner à Truman et Annie pour les avertir que nous sommes arrivés au village. L’avantage en Colombie quand on a pas de téléphone c’est qu’il y a des « minutos » partout. Et le minutos c’est quoi ? C’est un gars qui te prête son téléphone et qui te fais payer la minute de communication entre 100 et 400 pesos (environ 3 cts d’euros). Bref je vous passe les détails de cette communication compliquée étant donné que je ne comprenais absolument rien à ce que Truman racontait au téléphone. J’ai fini par lui filer le gars qui me prêtait le téléphone pour qu’il lui explique les choses que je ne comprenais pas. Dans l’histoire, j’ai juste compris que Truman me demandais si nos sacs étaient gros et le mot « caballos » soit cheval. Pour la suite, nous nous sommes donc remis directement aux personnes autour de nous qui visiblement, savaient où nous allions et surtout COMMENT nous devions nous y rendre. On nous dit de suivre un autre type. Le gars, nous fait descendre la rue du village et nous emmène jusqu’à un loueur de…chevaux !! Et hop, ni une ni deux, je me retrouve en selle avec mes deux sacs et Arnaud aussi. Je ne peux pas m’empêcher de rire devant cette situation saugrenue et pour le moins inattendue !

Un gamin d’une quinzaine d’année nous accompagne. Je me marrerais pendant tout le temps de la balade, du haut de ma jument qui ne veut pas traverser le ruisseau. On rejoint le lodge en une vingtaine de minute ; Ici il n’y a pas de route, on monte à cheval ou à pied. Au pied du volcan Tolima, nous sommes entourés de montagnes et nous suivons la rivière avant de monter un peu plus haut dans le canyon et de laisser la rivière en contrebas. Le chemin de pierres et de terres n’est pas toujours facile et autour de nous, des prairies, beaucoup de vaches et de veaux et quelques fincas.

C’est donc avec une banane immense que nous arrivons enfin à Ukuku lodge. Les grandes portes en bois s’ouvrent et nous sommes accueillis par Tarzan, le chien, Robin, un volontaire Suisse qui n’a jamais pu quitter les lieux et bien sûr Truman et Annie. La maison est fidèle à la photographie : une maison en bois aux grandes baies vitrées. Annie n’arrête pas de rire et de parler, nous ne comprenons pas ce qu’elle dit mais elle nous amuse. Ils nous font visiter la maison puis nous montre la maisonnette dans laquelle nous dormirons. La chambre est très sommaire : il n’y a qu’un lit superposé et des bébêtes qui se baladent sur le sol et les murs. Nous sommes au milieu de la nature, gardons ça à l’esprit. Nous posons nos sacs et nous retournons dans la maison principale. Nous passerons le reste de la soirée à tenter de discuter, à essayer de comprendre les conversations et à faire connaissance doucement avec Truman, Annie, Robin et le couple de client venu passer le week-end au lodge.

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Copyright @ « Truman » David Bonillo

Travail au champ et en cuisine

Le Lendemain, c’est notre premier jour de travail. Le terrain d’Ukuku est plutôt grand et est constitué sur une grande partie d’un verger, de fleurs du paradis et d’un champ d’orchidées. Le travail est donc principalement du jardinage et aujourd’hui, pour nous mettre en jambes nous ferons une activité fort sympathique : du désherbage. Bon, soyons francs, désherber quand on a un jardin sans prétention et qu’on passe régulièrement enlever les mauvaises herbes, ça passe, c’est chiant mais ça passe alors que désherber sur un terrain de 500m2 qui n’a pas été entretenu depuis… longtemps franchement, c’est pire que chiant ! On a clairement pensé à l’étape du bizutage des nouveaux volontaires.

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Bref, on effectue le travail, on fait quelques pauses pour écouter les oiseaux et le courant du ruisseau en contrebas. La pluie vient nous sauver une demi-heure plus tôt que la pause repas. L’après-midi on recommence sans grande motivation mais comme on est bien élevés, on ne dit rien et on termine vers 17h ce dur labeur.

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On a le dos en vrac, j’ai des courbatures dans les fesses, les cuisses mais aussi les phalanges des doigts ! Et je ne vous parle pas de l’état de mes ongles que j’ai vite décidé de couper après cela.

Les autres jours de travail au jardin ont été un peu plus fun. Hormis un jour où nous avons du ratisser l’ensemble du jardin, nous avons passer trois autres jours à nous occuper des orchidées. Le travail consistait dans un premier temps à déterrer tous les plants dont la majorité des bulbes étaient mort. Une fois déterrés, nous séparions les bulbes morts des bulbes qui produisaient encore des feuilles (croyez-moi, ça fais les muscles) puis la dernière étape de ce travail fut de bêcher pour faire des trous et replanter tous les bulbes encore vivants. Si vous imaginez un champ d’orchidées avec les fleurs qui se dressent fièrement de toute leur beauté au dessus des feuille verte, je vous arrête de suite : ce n’est pas le cas. La majorité des plants n’avaient pas de fleurs ! Lorsque la fleur, certes très jolie, avait poussé, celle-ci était plutôt cachée par ses grandes feuilles et était vite coupée pour en faire des bouquets et orner ainsi différentes parties du lodge, et notamment la suite nuptiale (j’ai même fait un coeur sur le lit avec les fleurs d’orchidées ! ).

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 Quand nous ne travaillions pas au jardin, nous fabriquions des tables basses, faisions quelques petits travaux  et un peu de ménage dans la maison et nous aidions en cuisine. Le lodge peut accueillir une dizaine de personne dans la maison et environ 3 tentes sur la partie camping du terrain. De plus, Annie et Truman étant très investis dans leur communauté, ils ont régulièrement des visites de groupes. C’est comme ça que nous nous sommes retrouvés deux ou trois fois, à passer la journée en cuisine pour préparer les repas de la vingtaine de convives. Sous le commandement d’Annie, nous montions les assiettes, servions les invités et faisions des crêpes… Oui parce qu’un jour nous en avons préparé, Annie a tellement adoré qu’elle voulait en préparer pour tous les invités… vous vous rendez bien compte que c’était long… très long ! Ces journées en cuisine étaient bien plus harassantes que celles passées au jardin.

Une autre chose de la vie quotidienne qui n’était pas gagné d’avance : faire les courses ! Ça aussi c’est une aventure. Quand on est autant éloigné de la première ville autant vous dire qu’il faut essayer de faire preuve d’organisation ! On descend la montagne à pieds (et non plus à cheval), nous prenons la buseta à Juntas et 25 minutes de bosses, trous, klaxon et dépassement par la gauche et la droite plus tard, nous descendons dans le centre de cette ville inconnue des touristes.

Ibague est une petite ville qui ne paye pas de mine et qui n’a pas beaucoup d’intérêt. Le centre-ville est agréable et on peut déguster un très bon café accompagné d’un brownie con helado au café Monteblanco. Annie et Truman nous laisse la journée pour visiter et nous nous donnons rendez-vous en fin d’après –midi pour aller faire les courses. Nous en profitons donc pour faire quelques achats : un pantalon chacun pour travailler, un chapeau pour Arnaud, un livre pour apprendre l’espagnol et deux moustiquaires parce que les bébêtes de notre chambre ne nous inspirent clairement pas confiance. Nous retrouvons ensuite Annie et Truman, allons nous perdre dans le supermarché et ressortons les bras pleins de paquets avec les courses de la semaine. Et c’est là que ça devient drôle. Faire les courses sans voiture, c’est chiant mais ça se fait grâce au bus ; mais quand le bus te dépose à plus d’un kilomètre de chez toi et qu’il faut grimper la montagne pour arriver à destination ça devient moins drôle. On arrivera vers 19h, les bras courbaturés et en sueur à Ukuku. Je ne me plaindrais plus jamais de devoir monter trois étages avec mes courses.

CHEMIN JUNTAS

Faire du volontariat à Ukuku s’apparentait plus à un séjour en immersion totale au sein d’une famille colombienne. Finalement le travail effectué faisait partie d’une démarche générale d’échange et de partage. Annie et Truman nous accompagnaient dans le travail comme dans les moments de détentes et de visite. Pour eux aussi recevoir des volontaires est enrichissant. Et c’est ce que nous avons apprécié, ici, le contrat moral n’a d’exigence que sur le respect que chacun porte à l’autre, nous sommes volontaires mais au fur et à mesure nous nous comportons comme dans notre propre maison au sein de notre propre famille : on s’entraide, on fait à manger et on se partage les tâches ménagères.

En faisant du volontariat à Ukuku, c’est toute une culture que nous avons découvert à travers sa langue, ses jeux de mots, sa gastronomie et ses paysages. Annie préparait toujours de bons repas et nous à fait adorer la cuisine colombienne, loin de celle que l’on peut voir dans la rue. Le riz est divinement préparé et souvent accompagné d’une sopa dans laquelle on retrouve des légumes, des herbes et de la viande. On a adoré son sancocho, sa soupe au coeur de poulet et son arroz con leche. Ils aussi pris le temps de nous faire découvrir l’une des spécialités régionales, au petit déjeuné : le tamal, une préparation à base de riz et de viande très goûtue qui se déguste à n’importe quel repas. Bref, entre tout ça, l’arequipe et le pain fait maison, on a certainement repris quelques kilos 😉

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De plus, avec Annie et Truman, nous avons découvert cette région inconnue des touristes qu’est le canyon de Combeima. Cette région regorge d’activités pour les amoureux de la nature mais ça, on vous le racontera dans le prochain article la semaine prochaine, un peu de patience 😉

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Bon à savoir

Comment avons-nous trouvé ce volontariat ? Avec workaway

En savoir plus sur Ukuku : ukuku.co

Les informations relatives à la recherche de volontariat feront l’objet d’un article au plus vite

A lire ou à relire
A lire ou à relire 

Vous avez loupé nos carnets précédents où souhaitez simplement les relire ? Lire le carnet précédent : Salento : un autre regard sur la zona cafera

 sinon, on vous parle ici de la Guadeloupe,  là du Costa Rica  et par ici du Panama

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